Systeme LMD
À l’initiative des Chefs d’États de la Communauté Économique et Monétaire des États de l’Afrique Centrale (CEMAC), le Cameroun souscrivit en mars 20061 à l’application du système LMD (Licence, Master, Doctorat) dans les universités et établissements d’enseignement supérieur de l’espace CEMAC. Cette réforme s’inscrivait dans le sillage du processus de Bologne « conduit à la hussarde » (Charlier et al., 2009, sect. résumé) dès 1998 par quelques pays européens (Charlier et al., 2009 ; Charlier et Croché, 2010, 2012). Elle prit effet dès la rentrée académique 2007/20082. Cependant, c’est à la faveur de l’Arrêté N° 18/00035/MINESUP/SG/DDES du 28 janvier 2018, soit dix (10) ans plus tard, que ladite réforme est organisée au Cameroun. L’un des objectifs poursuivis était alors de « produire des diplômés polyvalents, dotés de savoirs et de compétences susceptibles de garantir leur insertion sociale et professionnelle ».
En effet, outre l’enseignement et la recherche, au Cameroun, l’université est aussi appelée à contribuer au développement. À ce propos, dans l’esprit de la Circulaire ministérielle N° 07/0003 MINESUP/CAB/IGA/CE du 19 octobre 2007, ci-dessus référencée, il est attendu de cet ordre d’enseignement « [d’]aider à la construction des États modernes en formant et en développant les ressources humaines nécessaires dans tous les secteurs de la vie et de l’activité nationales ». Or, sur le plan socioéconomique par exemple, en dépit de la libéralisation des échanges, les diplômés du supérieur du Cameroun ne satisfont malheureusement pas toujours aux attentes du marché (Nga Ndjobo et al., 2011 ; Nga Ndjobo et Abessolo, 2017). La fonction publique reste et demeure le secteur de l’emploi qui polarise le plus leurs intentions professionnelles alors même qu’elle emploie moins de 6 % d’actifs (Institut National de la Statistique [INS], 2010). En conséquence, quarante-six ans après le lancement de la première université camerounaise, les pouvoirs publics inscrivaient les réformes LMD dans un « contexte mondial de globalisation des échanges et de promotion d’une économie du savoir … [Ainsi donc, à] l’instar de leurs homologues de l’Union Européenne et de l’Asie-Pacifique, [ils y voyaient le moyen de] repenser en profondeur le système universitaire ainsi que les programmes et les méthodes d’enseignement » (Ministère de l’Enseignement Supérieur [MINESUP], 2018a, p. 474).
Traditionnellement, la réforme LMD vise une évolution du fonctionnement institutionnel de l’enseignement supérieur. À ce propos, elle promeut l’adoption d’un système de crédits facilitant l’équivalence des diplômes entre pays ; la création de trois cycles d’études (Licence, Master, Doctorat) ; la capitalisation des crédits d’enseignements validés ; la semestrialisation ; la promotion de la mobilité des étudiants entre pays ; le contrôle de la qualité de l’enseignement supérieur par un organisme supranational et l’adossement plus fort des enseignements à la recherche scientifique. Paradoxalement, l’administration de l’enseignement supérieur au Cameroun semble considérer davantage cette réforme comme un prétexte d’ouverture sur des partenariats avec les entreprises et donc de professionnalisation des contenus des enseignements qui devraient désormais être adossés sur les besoins du marché ; de diversification de l’offre de formation professionnalisante et d’accès à des cursus qualifiants. Le Ministre d’État, Ministre de l’Enseignement Supérieur, rappelle fort à propos :
La réforme se donnait pour axe majeur, le défi de la professionnalisation exprimé non seulement à travers des formes nouvelles de partenariats entre les milieux des entreprises socio-professionnelles, mais aussi à travers la diversification de l’offre de formation illustrée par la création de nouvelles filières, […] pour répondre aux besoins précis de développement [du] pays. (Fame Ndongo, 2018, p. 7)